GRISAILLE D'AVRIL

Aujourd'hui c'est une journée vraiment très grise. Un vent froid souffle à travers les feuilles, mortifiées par la fin de la saison passée, qui ont une volonté de revivre sans pour autant en avoir la possibilité. Elles laisseront leur place à de toutes nouvelles verdures aussi ingénues que les précédentes et les suivantes. La lumière, quant à elle, se bat pour regagner sa place qui lui était à prime à bord réservée, mais la grisaille, de sa grande ampleur, gagne du terrain sur elle. L'infime lumière, tout de bonté qu'elle est, abdique et laisse la place  à la nostalgie et aux rêves en cavale. Ce qui crée chez les êtres, un état d'âme complexe et insoupçonné. Un sentiment de calme et même de sérénité chez certains peut se voir à travers les passants. Le rythme des pas affolés devient plus lent et le son des voitures se feutre. Tout au visage des gens, il y a une angoisse que je ne saurais décrire. Elle est différente de celle que je ressens, mais une certaine inconscience les rend moins vulnérables, plus acharnés et plus solides à travers le vent. Le vent se glisse à travers les fentes et émet un son presque horrifique. La journée avance et les nuages se resserrent comme s'ils ressentaient le froid les atteindre. Le soleil de sa force naturelle perse d'un rose timide et laisse entrevoir une prochaine journée où l'état d'âme se fera tout autre et où les éclats de rire pourront s'harmoniser au rythme effréné de la saison estival qui chaque année réussi à s'installer.


Isabelle Ivahna H.

Commentaires

Articles les plus consultés